BRITISH GALLERY

présente

« Dans le sillon de Madeleine Castaing »

Celle qui fut, avec son époux le critique d’art Marcellin Castaing, l’amie et le mécène des plus grands artistes de son époque comme Modigliani, Soutine (dont le portrait de la « diva de la décoration » se trouve aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art de New York), Chagall, Picasso, Cocteau, mais aussi Erik Satie, Blaise Cendrars, Henry Miller ou Louise de Vilmorin, vouait une passion au 19e siècle : « un siècle extraordinaire, que ce soit en peinture ou en littérature ». Le décorateur Jean-Louis Riccardi qui collabora avec elle de nombreuses années, dit de Madeleine Castaing qu’elle était née dans le 19e siècle. « Nul autre qu’elle ne savait rendre l’atmosphère de cette époque qu’ont su si bien dépeindre Flaubert ou Proust, deux auteurs qui eurent une grande influence sur ses créations ». Personnalité originale voire fantasque, elle a su révolutionner les codes dès la fin des années trente, pour faire selon sa devise – de la poésie avec du mobilier. Des émotions que l’on ne connaissait pas jusqu’alors dans le monde de la décoration. Son secret ? Se livrer à une longue étude psychologique de ses clients, allant jusqu’à vivre plusieurs jours avec eux, pour traduire à travers ses décors, ce qu’ils étaient profondément. « je fais des portraits », aimait-elle alors à souligner. « C’est un des rares décorateurs qui ai vraiment inventé un style », aime à rappeler Christian Siret, scénographe de l’exposition. N’a-t-elle pas laissé à la postérité, à l’image d’Yves Klein, un célèbre bleu clair et intense qui illumine ses décors ? « Un intérieur à la Castaing, c’est un peu comme une évocation du siècle néoclassique, avec le charme des jardins d’hiver », ajoute-t-il. Dans sa galerie de la rue Jacob, son appartement de la rue Bonaparte comme dans sa gentilhommière de Lèves, voisinent dans un savant mélange, les banquettes en demi-lune du Second Empire, les motifs de losanges, d’oves et de palmettes empruntés au Directoire, les chintz anglais — qu’elle remet à la mode —, le dépouillement monochrome du style « gustavien », les rayures « bayadère » qu’elle adapte au goût du jour, les couleurs franches et les demi-teintes du Wedgwood, les sièges de bambou et les frontons triangulaires à la manière du Palais de Pavlovsk, les ottomanes et les moquettes en faux léopard inspirées de l’Empire, les opalines de la période Louis-Philippe… La Russie, la Suède, la Grande-Bretagne des années 1790 côtoient les tôles laquées et les « causeuses » Napoléon III. ■

Du charme si particulier de l’univers de Madeleine Castaing

C’est tout l’esprit de la gentilhommière de Lèves qui s’exprime en sept décors, photographies fidèles d’un style qui a conquis le monde. En ouverture de la saison « Madeleine Castaing », l’exposition de British Gallery chante le charme si particulier de ses créations aux atmosphères proustiennes. Le mobilier d’acajou de Lèves retrouve vie dans des décors anglais où les rééditions prolongent la magie. Comme en écho, l’exposition Soutine du Musée de l’Orangerie présente « La petite Madeleine des décorateurs », son plus célèbre portrait.